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 Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)

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Khellendros
Loup sanguinaire
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MessageSujet: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptySam 6 Oct - 14:18

We're Wolves


Ni griffes, ni crocs,
Mais nous sommes loups
Forêt de métal, antre de béton,
Mais nous sommes loups.

Une meute éparse, floues,
Une meute de solitaires,
Mais une meute tout de même,
Nous sommes loups vous dis-je

De la lune nous avons la bénédiction,
Des humains nous avons l'horreur,
Des légendes nous avons la connaissance,
Des loups nous avons l'esprit.

Nous sommes loups,
Vous êtes nos proies, nos victimes,
Est-ce là une bénédiction d'être si différents,
Ou une malédiction d'être si lycans…


Dernière édition par le Mar 20 Nov - 9:30, édité 2 fois
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Khellendros
Loup sanguinaire
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyLun 19 Nov - 13:23

Ci-dessous, voici le début (enfin, environ la moitié, d'une uchronie légère mettant en scène quelques Garous).

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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyLun 19 Nov - 13:23

Une histoire de Loups



- Le Visage Pâle va bientôt arriver. Celui dont les étoiles parlent depuis des lunes va enfin descendre de son oiseau de bois et de tissu.
Les deux hommes étaient assis en tailleur sous la tente, face à face. Ils étaient séparés par un feu mourant qui éclairait la scène d'une lueur rouge sang. La fumée montait nonchalamment en minces volutes vers le haut du tipi, et s'échappait par l'ouverture pratiquée dans la toile. Celui qui venait de prendre la parole était vieux, et son âge se lisait sur son visage. Rides et cernes ornaient sa peau rouge et soulignaient ses yeux bleus comme le ciel de printemps.
- Comment pouvez-vous être sûr qu'il viendra jusqu'à nous, Maître Sorcier ?
Le deuxième homme sous la tente, celui qui venait de prendre la parole, était jeune, peut-être seize ou dix-sept printemps. Sa voix douce contrastait avec la dureté de son visage couturé de cicatrices. Trois grandes balafres blanches et parallèles partaient de l'œil gauche pour descendre jusqu'à la joue et tranchaient sur le teint ocre de la peau. D'autres moins visibles que ces trois là achevaient de creuser sa figure.
- L'appel du Loup et la peur de l'Inquisition le pousseront à fuir la ville, reprit le vieillard. Puis nous irons à sa rencontre et il nous rejoindra. C'est ainsi que les étoiles et nos ancêtres l'ont écrit.
Les deux restèrent silencieux après cette ultime déclaration. Le plus jeune des Indiens fixait le feu dont les dernières braises finissaient de rougeoyer, sous le regard du Sorcier de la tribu. Puis l'adolescent se leva et soulevant le rabat du tipi, quitta la tente.
- Tu as raison, jeune loup, va courir avec ta meute pendant que tu en as encore le temps. Les présages sont sombres et je ne peux te dire si tu en auras de nouveau l'occasion…

***

L'ombre entra dans la cabine du capitaine. La porte gisait à terre, brisée en son centre, arrachée de ses gonds.
"C'est moi qui ait fait ça, se souvint l'ombre, lors de la dernière Crise."
Tâtonnant dans la pénombre, il trouva enfin la boîte d'allumettes qu'il avait déposée dans un des tiroirs du buffet lors de sa précédente visite. Il craqua la première, et la flamme éclaira la pièce quelques instants, le temps pour le garçon de trouver le chandelier. Il s'en saisit et alluma les cinq bougies lentement, comme savourant ce geste si anodin. Les mèches mirent quelques instants à prendre tout à fait, trempées qu'elles étaient par l'humidité ambiante, mais elles jetèrent par la suite une lumière blanche et claire.
La cabine était petite et fonctionnelle. Une table, clouée au plancher, occupait un coin de la pièce, juste en dessous de deux étagères. Un lit faisait face à ces meubles, un lit qui n'avait aucune particularité, si ce n'était les gigantesques tâches de sang qui couvraient drap et couverture jetés à son pied. Nombre de livres étaient éparpillés au sol. Ils avaient du tomber de leur rangement, lors de la tempête de la veille, l'adolescent ne se souvenait pas d'avoir trouvé la cabine dans cet état lors de son dernier passage.
"La terre est proche, à quelques centaines de brasse. Le gouvernail est sabordé, les voiles abaissées. Je dois juste voir si je porte encore les traces de la Crise avant de quitter le pont."
Posant le chandelier sur la table, le jeune homme retourna fouiller la commode et en sortit un miroir dans lequel il se regarda.
Le visage était hagard, encadré par des mèches de cheveux qui devaient être roux sous leur crasse. Quant aux yeux, ils contrastaient totalement avec l'allure dépenaillée et la saleté qui rongeait cet être. Ils étaient d'un bleu des plus purs, étincelants à la lumière des chandelles non loin, un bleu accentué par des éclaboussures de sang séché qui parsemaient la totalité du visage, jusqu'à se changer en un masque écarlate autour de la bouche de l'homme.
"On ne voit rien d'inhumain. Je dois juste me laver avant d'arriver en ville. L'eau de mer va enlever le sang. Ca va aller. Oui, ça va aller, mais jusqu'à quand..."
Jetant le miroir sur le matelas du lit, le garçon s'agenouilla à la recherche d'un dernier objet. Il avait déjà vu le capitaine écrire dedans, c'était un carnet noir. Il le trouva sous une carte maritime, après quelques minutes à empiler les livres et autre document dans un coin. Il l'ouvrit à la dernière page, où il découvrit, à la lueur tremblotante des torches, l'écriture fébrile du commandant du navire.

"12 Thermidor de l'an XIII,
Nous ne sommes plus que trois au moment où j'écris ces lignes. Mon timonier, moi, et ce jeune gamin roux qui paie sa traversée à la force de ses bras. Je n'ai aucune idée de ce qui se passe à bord. Mes hommes disparaissent les uns après les autres, sans qu'on ne trouve trace d'eux. Tous les trois jours, ça se passe tous les trois jours. Mon navire doit être hanté, si j'arrive vivant jusqu'à Port Mahon, je le livrerai aux mains de l'Inquisition locale pour qu'il soit exorcisé.
La dernière disparition a eu lieu avant-hier. Ce qui veut dire que nous ne serons plus que deux êtres vivants sur ce navire demain. Ce n'est pas chrétien de ma part d'écrire cela, mais je souhaite que ce soit le rouquin, Thomas, qui soit emporté. Ils ont toujours porté malheur, jamais je n'aurai du l'embarquer. L'Inquisition, qui a brûlé tant de roux au Moyen-Age, me comprendra et me pardonnera cette pensée."

L'adolescent referma délicatement le livre à la fin de sa lecture. Il n'y avait pas d'autres dates après celle-ci, puisqu'il avait tué de ses mains et de ses crocs le capitaine le lendemain. Et le timonier aussi, qui avait assisté au massacre. Aucun humain qui le contemplait pendant une Crise ne survivait de toute façon.
Les pensées de Thomas errèrent, solitaires, bercées par les flots. Il se remémora la façon dont il avait dévoré les membres de l'équipage avant de balancer leurs restes par dessus le bastingage. Les uns après les autres, à trois jours d'intervalles, comme l'avait écrit le capitaine. Puis par association, il revint à ses perpétuelles questions sur l'Inquisition. Pour quelles raisons l'Empereur Napoléon avait-il demandé à l'Eglise de déléguer des Inquisiteurs à travers toute l'Europe et même le Nouveau Monde ? Alors que l'on pensait la fonction tombée en désuétude depuis l'affaire de l'Ordre des Templiers, elle renaissait de ses cendres infiniment plus puissante et dangereuse. Pourquoi maintenant, alors que les semblables de Thomas se tenaient enfin tranquilles ? Pourquoi tant de temps après les tueries du Gévaudan ?
Nombreux étaient les garous qui fuyaient l'Empire de Bonaparte, se réfugiant dans les forêts de l'est ou les terres gelées du nord, mais à la connaissance de Thomas, il était le premier à traverser l'océan. Peut-être pourrait-il trouver sur ces terres jeunes le répit que l'Inquisition ne lui accordait pas en France… Peut-être pourrait-il vivre, malgré les Crises. Le jeune homme espérait que loin des menaces des bûchers, loin de la peur, celles-ci se feraient plus espacées. Et avec le temps, il apprendrait à dominer le loup en lui…
Thomas sortit sur le pont. Les embruns fouettèrent son visage, lui prodiguant une fraîcheur salutaire. Autour du navire, une dizaine de mouettes tournaient gracieusement, espérant avoir trouver un bateau de pêche.
- Désolé mes belles, murmura le jeune homme en regardant les oiseaux. Tout ce qu'il y aura lorsque j'aurai accosté, ce seront des copeaux de bois.
Reportant son attention sur l'horizon, Thomas devina plus qu'il ne vit les bâtiments qui formaient la ville de Port Mahon. Les guetteurs du port avaient également dû apercevoir la carcasse sombre du navire sur les flots. Combien de temps leur faudrait-il pour envoyer une équipe de recherche, lorsque le vaisseau s'échouera ?
- Le Nouveau Monde s'étend devant moi... Gigantesque, sauvage, murmura Thomas. Je vais arriver en Nouvelle Suède, reprit-il, réfléchissant à haute voix. Non, ils appellent cela le Delaware maintenant. Je vais rester deux jours dans les bois, puis je me mettrais en route pour Dover. Le temps de me renseigner, et je partirai pour l'Ouest sauvage. Je recommencerais ma vie, loin de l'Inquisition, loin des villes, loin des hommes. Et un jour, je reviendrai en France, et je prendrai ma revanche sur Nicolas Albericht... Lorsqu'il aura la certitude que tous les garous sont éliminés, je reviendrai en France.
Le contact avec la côte était imminent. Thomas se prépara à la secousse.
Son esprit était partagé entre la peur de l'inconnu et l'exaltation du mystère. Le Nouveau Monde s'étalait devant lui, miroitant de promesses...

***

- Père Albericht, je suis soulagé de vous voir enfin, commença l'homme en ouvrant la portière de la diligence. Le voyage s'est-il déroulé selon vos désirs.
L'inquisiteur détesta d'emblée l'homme devant lui. Son ton obséquieux, son visage gras, ses habits froissés, son français hésitant. Le dégoût fut immédiat.
- Deux tempêtes pendant la traversée, puis des cahots à n'en plus finir entre Port Mahon et ici, Non, pasteur William, le voyage ne s'est pas déroulé selon mon désir.
Nicolas Albericht, Grand Inquisiteur de la très Sainte Eglise Catholique descendit de la voiture devant ce qui, faute de mieux, constituait le lieu de prière de Dover. Il était grand et mince, il avait un visage de rapace. Pour le voyage, il s'était habillé très sobrement d'une tenue noire et d'un manteau de même ton.
La diligence se remit en route, prenant la direction du relais de la ville. Une fois les chevaux changés, elle partirait dans l'Ouest sauvage. Albericht renifla de dédain. Il s'imaginait sans peine la vie qui était menée là-bas. Débauche, vices, meurtres. Des gens se soûlaient ensembles dans des saloons puis s'entretuaient quelques minutes après pour un as de pique... L'Inquisiteur se tourna et fit face à la ville. Ici, la civilisation avait passé une couche de vernis sur cette partie de l'Amérique, mais cette couche était bien fine. Albericht fut frappé d'emblée par les bâtiments. Dans cette ville qui avait tout de même une once de passé derrière elle, rares étaient les bâtiments construits en pierre.
- Mon père, le shérif McKinson nous attend à l'intérieur de l'église.
Quelques minutes plus tard, Albericht rencontra le shérif en question. C'était un homme rude, un chasseur qui ne perdait pas de temps en palabres et en détours. Il plut de suite à l'inquisiteur.
- Le pasteur William m'a dit que vous êtes un expert en loups-garous. Mais avant tout, dit l'homme de loi, j'ai une question. Pourquoi avoir traversé l'océan pour nous aider ? J'ai du mal à croire que quelqu'un de votre rang se déplace par simple charité.
- J'obéis au Saint-Père Pie VII et à Dieu.
En vérité, un pactole immense était en jeu pour l'Eglise catholique romaine. La mission dont était investi Albericht avait été ordonnée par les trois grands personnages de ce siècle. Le Président Jefferson, l'Empereur Napoléon, et le Pape Pie VII. Le premier homme de ce triumvirat avait fait appel au second pour un problème épineux. Une tribu de la nation algonquine, les Lenapes, refusait de quitter son territoire ancestral. Et sur ce territoire en question, une mine d'or ne demandait qu'à être exploitée par des hommes avides. Une fois, une seule fois, Jefferson avait envoyé la cavalerie mater les Indiens. A dix contre un, sans arme à feu, sans chevaux, les Lenapes avaient tout de même mis en déroute les soldats. Les survivants racontaient les tempêtes de crocs et de griffes qu'ils avaient rencontrés. Les blessures et mutilations terribles des corps attestaient de la puissance des créatures. Des démons incarnés, des loups dressés sur deux pattes. Des lycanthropes... Jefferson avait entendu parler du Gévaudan et de ses Bêtes successives, il s'était même déplacé à Paris pour observer le corps empaillé du tout premier monstre. Aussi s'était-il tourné vers Napoléon pour résoudre le problème lupin. L'Empereur français avait lui-même fait remonter le problème jusqu'à la cour papale, et c'est à ce moment précis qu'Albericht apparaissait dans l'histoire. Au final, tout cela avait coûté aux Etats-Unis une partie de l'or de la mine, qui partirait grossir le trésor impérial, et les artefacts confisqués aux sorcières de Salem en 1692 pour les études ésotériques du Vatican.
- Expliquez moi la situation, je vous prie, Monsieur McKinson, demanda l'inquisiteur. Et n'ayez pas peur des détails. Quelles sont leurs croyances, ce genre de chose...
- Et bien, ce sont des Lenapes, des Algonquins. Et parmi cette peuplade, ce sont les pires dont nous avons hérité. Ils s'appellent eux-mêmes les Amishinaabe, ce qui veut dire : les vrais hommes issus de cette terre. Leur campement actuel est à une vingtaine de lieues au nord-ouest de Dover. Y a une bonne centaine de gaillards, ajoutez à ça les femmes, les enfants et les vieillards. Peut-être pas tous, mais une grande majorité en tout cas sont des loups-garous. Des vrais monstres. Huit, voire neuf pieds pour certains. Le pire, c'est celui qui se fait appeler Gueule Rouge. Si on arrivait à le tuer lui... Vous le reconnaîtrez dès que vous le verrez. Il a trois grandes cicatrices blanches sous un oeil.
McKinson s'apprêtait à cracher sur le côté, mais se souvint juste à temps de l'endroit où il se trouvait. Il se contenta de toucher le colt qu'il portait au ceinturon en un tic nerveux.
- Vous savez, reprit l'homme, ils savent que vous êtes là. Me demandez pas comment, mais ils le savent ces espèces de chiens dégénérés. La nuit dernière, une meute est venue rôder en périphérie de la ville. Ils sont jamais venus aussi près. Habituellement, ils évitent la ville de peur d'être... contaminé par l'homme blanc et que Wacondah, leur Grand Esprit Créateur, ne les abandonne. Bref, ils sont venus, des Lenapes transformés en loups, et ils ont hurlé à la mort, un boucan de tous les diables. Et c'est votre nom qu'ils hurlaient...
- Oui, c'est généralement la dernière chose qui sort de la bouche des gens dont je... m'occupe, au milieu d'un tas de supplications diverses et variées, dit Nicolas Albericht. La dernière, si on fait exception de leur langue bien sûr...

***

- L'Ennemi est arrivé à Dover, Maître Sorcier.
- Je sais, répondit le vieil homme. Est-ce de l'inquiétude que j'entends dans ta voix ou de l'impatience ?
- J'ai hâte de l'abattre, non pas pour faire couler son sang, mais pour qu'on nous laisse enfin en paix. Le champion des Visages Pâles mort, qui d'autre pourrait venir nous défier ?
L'Indien dévisagea Gueule Rouge de son regard céruléen. Celui-ci s'était tourné et, par le rabat ouvert du tipi, contemplait l'horizon.
- Tes paroles sont empreintes d'une certaine sagesse, de mélancolie. Si je te disais qu'il serait plus simple pour nous de quitter ces terres et de laisser aux hommes blancs les pépites qu'ils convoitent, que me répondrais-tu. Après tout, ils ne veulent que cela.
- Si vraiment vous me parliez ainsi, Maître Sorcier, je quitterai la tribu et continuerai malgré tout à hanter les forêts de cette région. Une fois ce territoire cédé, au nom de quoi nous laisseraient-ils tranquille, qu'est-ce qui les empêcherait de nous refouler toujours plus loin jusqu'à ce que nous soyons parqués dans des régions inhospitalières ? De plus, ces grottes dans lesquelles se trouve l'or maudit dans Visages Pâles sont le crâne de Wacondah, le lieu sacré dans lequel vous pouvez communier avec lui et entendre sa volonté !
- Tu es sage, jeune loup, très sage en vérité... Maintenant, va. Comme tu l'as fait remarquer, l'Ennemi est arrivé à Dover. L'autre Visage Pâle aussi... Il faut se préparer...
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Nesumi
Toutou à sa mémère
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyLun 19 Nov - 19:54

Ce début est prometteur Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 849219

L'ambiance est posée, certains personnages aussi. J'aime déjà beaucoup Thomas et le Père Albericht (qui me fait un peu penser à l'Inquisiteur en chef du Nom de la Rose, du moins dans l'idée que je m'en fais). Pour le moment, aucun avis sur les Indiens, bien qu'on ai envie d'en savoir plus sur cette fameuse tribu. L'intro et la conclusion de ton extrait me paraissent d'ailleurs les moins "fortes" comparées à la scène du bateau et celle avec le Père Albericht, sans doute parce qu'on ne creuse pas encore trop sur le sujet.

On a là un beau prélude à l'affrontement de 3 cultures (catholique, indienne/garou et européenne/garou).



- Oui, c'est généralement la dernière chose qui sort de la bouche des gens dont je... m'occupe, au milieu d'un tas de supplications diverses et variées, dit Nicolas Albericht. La dernière, si on fait exception de leur langue bien sûr...


J'adore cette phrase : simple, percutante, et qui résume assez bien le personnage (du moins l'avis qu'on s'en fait à la 1re lecture).


La suite, please Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 349538
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMar 20 Nov - 9:29

Waouh, merci Nesumi pour ce commentaire !! J'espère que la suite ne te décevra pas du coup !

Donc, l'intro du texte à rebosser quelque peu il semblerait... Ok !!
Et la conclusion de l'extrait si la transition ne passe pas suffisamment bien on va dire...

Pour ne pas créer de faux-suspens, je mets la suite et fin de la nouvelle !!


Encore une fois, merci beaucoup pour ta lecture !!

===
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMar 20 Nov - 9:29

***

Nicolas Albericht sortit de l'église au moment où Thomas passait devant.
Les deux hommes se regardèrent, machinalement, comme l'on regarde n'importe quel inconnu que l'on croise, mais les yeux de Thomas le trahirent immédiatement. Ils s'écarquillèrent de surprise, de peur. Il connaissait cet homme, c'était celui qui avait abattu les membres de sa meute les uns après les autres ! Que faisait le Grand Inquisiteur ici ? L'avait-il poursuivi, venait-il le chercher pour le brûler en place publique, le soumettre à la question par simple plaisir de torturer un garou ?
Le trouble du jeune homme n'échappa point à l'oeil acéré de l'inquisiteur.
- Un problème, jeune homme, demanda Albericht dans un anglais impeccable.
- Juste une soudaine douleur, une vieille blessure qui se rappelle à moi, répondit Thomas, lui aussi en anglais.
- Que Dieu vous garde, lâcha finalement Albericht, le regard soupçonneux.
Le lycanthrope hocha la tête et leva la main pour saluer l'homme. Il continua sa route lentement, se presser n'aurait fait qu'éveiller un peu plus les soupçons de son ennemi.
Les pensées de Thomas tourbillonnaient dans son esprit à une allure telle qu'aucune ne pouvait se fixer. Il devait fuir, loin, très loin. Albericht ne devait être là qu'en voyage de courtoisie, quelque chose comme cela, il repartirait bientôt. Il fallait fuir avant qu'il ne devine qu'elle était sa véritable nature. Les légendes à son sujet ne disaient-elles pas qu'il pouvait "sentir" les garous ? Mais d'un autre côté, il était seul dans la grande rue de Dover, seul avec celui qui avait exterminé sa meute. Pourquoi hésitait-il ? Il lui suffisait de se transformer maintenant et de l'éventrer, de lui arracher les membres aussi facilement que les ailes d'une mouche, de lui écraser le crâne et de se repaître de sa chair encore chaude ! Le garou se tourna. L'inquisiteur était au milieu de la rue, le regard braqué sur lui. De toute évidence, il semblait se douter de quelque chose. Thomas hésita une fois de plus mais ce lui fut salutaire. Il était maintenant face au vent, et la brise charria avec elle une odeur pestilentielle pour ses sens. De l'argent ! De l'argent et du mercure... Cet homme avait, selon toutes les apparences, une grande masse de ces métaux, mortels pour les garous de toute espèce, sur lui.
En l'état, il était intouchable...
- Vous êtes sûrs que nous ne nous sommes jamais rencontrés, demanda Albericht, en français cette fois-ci. Quelque part dans les montagnes vosgiennes.
Bon sang, c'était dans ces sommets que la meute avait été exterminée ! L'inquisiteur revoyait-il son père ou sa mère en lui ?
- Je ne pense pas, mon père, répondit Thomas avec tout l'aplomb dont il était capable. Vous devez me confondre avec quelqu'un d'autre, je viens de Rouen en Normandie.
- Et que vient faire un Rouennais sur ces terres barbares ?
Le ton était menaçant, suspicieux. Thomas devait mettre fin au plus vite à ce tête-à-tête.
- Je cherche quelqu'un. Quelqu'un parti à l'ouest dans un convoi de pionniers. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser.
Thomas tourna les talons et marcha vers la sortie de la ville. Il était à sa limite, une Crise était en train de pointer le bout de son museau. S'il ne s'éloignait pas très vite, il risquait d'attaquer quelqu'un et de se faire descendre par Albericht. Le jeune homme se mit à courir, au diable les soupçons de l'autre fou furieux, il n'avait que quelques secondes. Le Loup affluait en Thomas, et si une personne s'interposait sur sa route, celle-ci le payerait au minimum de plusieurs fractures.
Le lupin n'avait aucune idée de savoir l'apparence qu'il affichait en ce moment. La seule chose qu'il voyait était la limite franche et nette de la ville à quelques dizaines de mètres, comme si la campagne et Dover avait été séparés d'un coup de hache. Et là-bas, la forêt !
Dans le dos du garou, une détonation claqua dans l'air, suivie très rapidement par deux autres, mais aucune des balles ne toucha la créature en fuite. Les pattes arrière de Thomas ne furent bientôt plus adaptées à la course bipède, et celui-ci se mit à galoper.
Bientôt, il atteindrait le couvert des arbres.

***

Les loups encerclèrent très vite l'animal qui venait de pénétrer sur leur territoire de chasse. Une dizaine d'animaux gris grognaient et découvraient leurs crocs devant un loup noir. Ce dernier n'était pas en reste. Le poil hérissé, il tenait tête à la meute, refusant de se coucher devant le mâle alpha ou de déguerpir, la queue entre les jambes.
- Assez, aboya soudain le dominant.
Les loups gris reculèrent entre les troncs, laissant leur meneur face à leur congénère au pelage sombre. Ce dernier piétina sur place. Lui lançait-on un défi ? Non, il s'agissait de toute autre chose ! Sous ses yeux, le dominant se dressa sur ses pattes arrières. Son corps enfla par certains endroits, se rétracta par certains autres, ses formes changeaient. Sous les yeux du loup noir, un Indien se tint bientôt, nu et fier.
- C'est impoli rester loup quand je suis homme, lâcha-t-il dans un français hachée et maladroit, mais tout à fait compréhensible.
A son tour, le loup noir se dressa et entama sa métamorphose. Celle-ci était plus douloureuse que celle de l'Indien, plus horrible à regarder également. On sentait tout le manque de contrôle de ce garou par rapport à l'Algonquin.
Quelques secondes plus tard, Thomas faisait face à Gueule Rouge.
L'Indien fixa l'Européen. Il hocha la tête imperceptiblement, puis fit demi-tour, suivi par la meute. Noyé dans un océan d'incompréhension, Thomas suivit la troupe, frissonnant dans le vent, s'écorchant les pieds sur les pistes.

- Tu as sans doute de nombreuses questions, dit un vieil Indien. Le temps nous est compté, mais j'essaierai d'y répondre au mieux.
Sous le tipi du sorcier des Amishinaabe, Thomas mangeait. On lui avait servi un plat d'une viande au goût qu'il ne connaissait pas.
"Presque aussi bon que la chair humaine", pensa-t-il avant d'en concevoir de la culpabilité.
- Comment avez-vous appris le français, demanda Thomas.
- Tu oublies l'histoire de ton propre Empire, jeune loup. Les Français ont longtemps été présents sur nos terres, et les plus vieux d'entre nous se souviennent des temps où ils étaient interprètes pour ton peuple. Je suis de cela.
Thomas laissa passer plusieurs secondes, masquant son appréhension en mangeant un peu. Lorsqu'il était arrivé dans le campement des Lenapes, il avait immédiatement senti que ce n'était pas un attroupement d'humain. Ici, il y avait la même odeur que du temps où la meute de Thomas vivait encore. Il y avait beaucoup de garous ici...
Le jeune homme en était surpris. Il ne s'attendait point à rencontrer des lupins autochtones. Lui qui avait toujours cru que la lycanthropie était née en Europe, voilà qu'il était confronté à cette tribu. Etait-ce un bien ou un mal ? Thomas avait embarqué pour le Nouveau Monde avec l'espoir d'être le seul, de pouvoir vivre une vie d'ermite jusqu'à ce qu'il soit en mesure de contrôler le Loup en lui et d'éventuellement de se mêler aux hommes à nouveau. Pouvait-il se joindre à ces Peaux Rouges et apprendre d'eux comment juguler les Crises ? Ou au contraire, devait-il continuer sa fuite vers l'ouest, en allant s'établir dans des forêts giboyeuses et vierges de toute présence humaine ?
- Vous devriez quitter cette région, lâcha froidement Thomas.
Le sorcier se contenta de le fixer en souriant. L'Européen retourna à son repas, jetant de temps à autres un coup d'oeil sur ce Gueule Rouge qui l'avait amené ici. Pendant plusieurs minutes, un silence pesant s'installa, à peine rompu par les bruits de mastication. Les deux Indiens restaient de marbre alors que Thomas voulait les voir réagir. N'avaient-ils pas entendu ses mots ? Ce fut finalement lui qui reprit la parole.
- Vous devriez quitter le Delaware.
- Nous avons entendre première fois, lâcha Gueule Rouge.
- Pourquoi être venu jusqu'à moi dans la forêt ? Juste pour m'offrir de la nourriture ? J'aurai très bien pu me débrouiller seul.
- Nous le savons, commença le sorcier. Tout ce que nous faisons tourne autour d'un seul et unique évènement. Crois-le ou non, jeune homme, le vent me parle. Les arbres me parlent. Tous autant qu'ils sont, les fragments de l'esprit de Wacondah me parlent et me montrent des choses. J'ai vu ta meute se faire tuer par l'Ennemi, par ce shaman qui se nomme Albericht. Crois-tu que ta venue sur nos terres soient un hasard, crois-tu que la sienne en soit un également ? Nous savons que cet inquisiteur est là-bas, à quelques kilomètres. Nous savons qu'il a tué nombre de nos semblables. Nous savons également qu'il vient pour nous exterminer à notre tour.
- Dans ce cas, pourquoi ne pas vouloir fuir ? Vous dites que vous avez vu le massacre des miens, comment pensez-vous pouvoir survivre face à l'argent et au mercure de l'Inquisition ? Vous dites que j'étais destiné à venir ici, mais pourquoi ? Pour me battre ? N'y songez pas un instant, je suis un lâche, un fuyard. J'ai traversé l'océan pour être le plus loin possible de Nicolas Albericht, pas pour l'affronter. Pas tout de suite en tout cas. Non, pas maintenant...
- Il y a une chose que tu ignores à ton propre sujet, jeune loup. Ta meute est morte avant de te l'enseigner. Tu n'es pas un garou comme les autres.
- Comment cela ? Qu'est-ce que ma meute aurait dû m'apprendre ? La seule chose que je veux savoir, c'est comment juguler mes Crises, je ne veux plus vivre dans la terreur de sombrer dans la folie et de me mettre à tuer et à détruire tout ce qu'il y a autour de moi !
- Et à cela, je te réponds : nous ne voulons pas que tu sois débarrassé de cette malédiction.

***

- Shit, cracha McKinson en voyant le loup quitter Dover indemne.
Le shérif rechargea son colt. Aucune balle n'avait touché sa cible. Sa main avait tremblé, trop tremblé. L'homme avait pris peur en voyant cet homme se métamorphoser soudainement. C'était un blanc en plus, pas une de ses saletés de Peaux-Rouges. Est-ce qu'il y en avait d'autres autour de lui, en plein Dover, et qui n'attendaient que la nuit pour le dévorer ? D'où sortaient-ils, qui étaient-ils ?
La nervosité de McKinson était palpable. Il n'avait pas rengainé son arme. Il n'avait pas non plus remis le cran de sécurité.
- Ne vous reprochez rien, dit Albericht. L'auriez vous touché que cela n'aurait rien changé. On ne peut pas tuer un lupin avec de simples armes. Il faut qu'elles soient en argent ou enduites de mercure.
L'inquisiteur paraissait songeur. Il se demandait ce qu'un Français pouvait bien faire ici, un Français garou qui plus est. Si les meutes européennes se mettaient à émigrer loin des territoires contrôlés par Napoléon ou le Pape, il deviendrait de plus en plus compliqué de les tuer ou de les capturer pour mener des expériences sur eux...
- D'après ce que vous m'avez raconté, au sujet de la bataille des Lenapes contre la cavalerie, je pense que peu de personnes seront volontaires pour organiser une battue. Tentez tout de même de réunir vos adjoints. Et si vous le pouvez, faites préparez plusieurs balles en argent par votre armurier, adaptées au calibre de votre arme.
Le shérif cracha au sol, et fit demi-tour. Il supportait mal qu'un civil, un homme en robe qui plus est, se permette de lui donner des ordres, mais l'homme était suffisamment intelligent pour comprendre que malgré la froideur d'Albericht, celui-ci oeuvrait en partie dans l'intérêt de Dover.
De son côté, l'inquisiteur retourna à l'intérieur de l'église. Agenouillé devant l'autel, il passerait sa nuit en prière, demandant à son Seigneur la force de triompher une fois de plus des créatures démoniaques infestant son royaume terrestre. Il présenterait également ses armes à la croix, afin de recevoir la bénédiction silencieuse du Très Haut. Puis il se mettrait en route pour exterminer la vermine garou.

***
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMar 20 Nov - 9:30

Le soleil se levait sur le Delaware. Pour la très grande majorité des habitants de la région, cette aurore n'était que le signe d'un éternel recommencement. Travail aux champs, acheminement de matériaux de construction, agrandissement des villes, départ d'un convoi de colons. Encore un jour qui allait ressembler au précédent...
Cette journée en apparence si banale était pourtant la dernière pour certains êtres.

Deux hommes et deux loups allaient s'affronter aujourd'hui. Les uns donnaient la chasse aux autres, les autres donnaient la chasse aux uns. Ce n'était pas une traque ordinaire. Il n'y avait aucune proie, seulement des prédateurs.
Deux hommes et deux loups dans un continent si vaste. Et pourtant, ils ne pouvaient cohabiter... Ce combat était si peu de chose en réalité. Tant d'hommes et de femmes mouraient chaque jour sur ce globe. Deux ou trois cadavres de plus pouvaient-ils changer la face du monde ?
Pour les combattants, la réponse était oui. Peut-être pas la face du globe dans son ensemble, mais leur petit monde personnel serait bouleversé s'ils en sortaient vivant. Pour Thomas, la liberté après laquelle il courrait serait totale, sans ombre et sans menace. Il en était de même pour Gueule Rouge, combattant au nom de sa tribu et de son droit à vivre sur ses terres ancestrales.

Albericht et McKinson était déjà aux abords de la mine d'or quand le soleil effleura Dover de ses rayons. Le Français avait voulu se trouver au plus près de l'endroit tenu pour sacré par les Peaux-Rouges.
L'inquisiteur avait revêtu pour l'occasion un pantalon de cuir sombre et un haut en lin noir. Il était armé d'un mousquet dont la crosse en argent se terminait par une pointe effilée. Il se tenait debout dans le cours d'eau jouxtant l'entrée du réseau de grottes. Le shérif se tenait à ses côtés. Il était plus que perplexe.
- N'aurait-il pas mieux valu chasser les garous en plaine, pour avoir un champ de vision le plus dégagé possible, demanda-t-il.
L'inquisiteur ne daigna pas tourner le regard vers son collègue. Il gardait obstinément les yeux braqués sur l'orée des arbres.
- Ces démons sont trop rapides. Aller dans un espace aussi vaste, c'est leur donner un avantage gigantesque. Ici, ils seront plus à l'étroit, ils seront obligés de bouger moins vite.
- Je comprends cela. Mais pas le reste. Pourquoi sommes-nous ici, les pieds dans l'eau, pourquoi restons-nous à découvert au lieu de nous cacher ? Pourquoi attendons-nous au lieu de nous mettre en chasse ? Holy shit, nous allons nous faire étriper !
Dans la voix de l'Américain, une colère teintée d'inquiétude se faisait entendre. La colère de devoir affronter des monstres par ce que tel était son devoir, la colère de se sentir impuissant, de ne plus maîtriser son destin.
- Nous les attendons, commença Albericht, car c'est la seule chose à faire. Ils savent depuis longtemps que nous sommes dans leur territoire, soyez-en persuadé. Et ils viendront. Non pas en meute. Comme nous sommes deux, ils dépêcheront leurs deux meilleurs guerriers pour nous affronter. Tel est le sens de l'honneur de ces bêtes corrompues.
- Et l'eau dans tout ça, demanda McKinson, pas rassuré pour un sou.
- A mes pieds, entre les galets, j'ai disposé des fioles de verre emplies de mercure. Dès que les garous seront face à nous et suffisamment prêts, je les briserai et le métal liquide rongera leurs membres.

La forêt semblait retenir Thomas. Elle l'aspirait, l'appelait, pleurant son départ. Les feuilles mortes tombaient sur son corps nu tandis que le vent agitait les arbres. Dans quelques instants, il allait quitter ce campement, en compagnie de ce Gueule Rouge. Pour rencontrer Albericht. Pour tuer Albericht. Le jeune homme se sentait déboussolé après les révélations du sorcier, au sujet de ses Crises incontrôlables qui le prenaient. L'Indien avait dans la foulée su convaincre le loup français de se joindre à la bataille qui s'annonçait. Mais comment être sûr qu'il ne mentait pas ? Thomas se faisait-il manipuler par les Lenapes, était-il une arme que l'on sacrifie pour le bien de ces Indiens ?
- Il est l'heure, jeune loup, dit soudain une voix, tirant Thomas de ses pensées.
Le sorcier se tenait non loin de là, Gueule Rouge à ses côtés. Le guerrier s'était peint le corps de peinture, pour demander à Wacondah de lui donner force et endurance.
- Ils sont entrés dans la forêt il y a deux heures maintenant. Ils sont deux. Albericht est l'un d'entre eux. Ils ont pris position près de nos grottes sacrées.
- Bien, se contenta de lâcher Thomas, laconique. Ils ont décidé d'agir plutôt que ce que vous pensiez, ça doit être à cause de mon... coup d'éclat à Dover.
- Ils sont deux, vous ne devrez être que deux à vous rendre là-bas.
- Gueule Rouge et moi ? Je vous répète une dernière fois que je ne suis pas un guerrier. Vous avez beau dire que la Crise me guidera, je ne peux m'empêcher de penser que vous devriez envoyer quelqu'un d'autre. Toute votre tribu devrait aller massacrer cet inquisiteur !
- C'est impossible, répondit le sorcier. Seulement vous deux. Dans l'honneur combattent les loups.

Deux loups marchaient. L'un gris et l'autre noir. L'un la tête haute, le regard résolu, l'autre les oreilles basses et la patte traînante. Gueule Rouge et Thomas partaient à la rencontre d'Albericht et McKinson.
Bien malgré lui, le Français sentait une pointe d'excitation combattre sa peur, une pointe qui ressemblait fort aux prémices d'une Crise. Son poil se hérissa sur son dos, ses babines se retroussèrent. Gueule Rouge dut sentir le danger et se retourna. Il se mit à trotter sur le chemin vers la mine. Dans quelques minutes, les deux humains affronteraient de véritables monstres, dont l'un qui ne pouvait se contrôler tant qu'il n'avait pas fait couler le sang d'autrui...

- Ils sont là, lâcha Albericht. Et ils sont deux.
McKinson se redressa. Il avait calé son fusil entre deux pierres pour s'appuyer dessus. Après avoir essuyé la crosse sur sa veste, il mit en joue, en direction de la forêt. L'inquisiteur faisait de même avec son mousquet.
Ils apparurent soudain, tandis que le soleil tombait sur le cours d'eau. Les hommes face aux loups, les loups face aux hommes. La réaction de l'inquisiteur fut immédiate, il déchargea son mousquet, projetant une décharge de chevrotine sur les animaux et brisa les fioles de mercure. McKinson réagit à son tour, prenant pour cible le loup gris. Celui-ci devint soudain flou, il bougeait trop vite pour que ses mouvements puissent être suivis par un œil humain. Un arbre craqua, puis un second. Un rugissement résonna dans le dos du shérif qui se retourna aussitôt. Ce n'était plus un loup qu'il avait devant lui, mais une créature de près de neuf pieds de haut, un monstre bipède aux griffes et aux crocs démesurés. Juché sur un promontoire, Gueule Rouge s'élança tandis que McKinson le mit en joue.
De l'autre côté de la clairière, Albericht avait fait mouche. Le loup noir s'était effondré, touché de plein fouet par les particules d'argent. Le mercure argenté dans les flots du ruisseau avait maintenant atteint son corps et commençait à ronger son pelage et sa peau. L'homme se tourna à son tour vers le second monstre. Il posa son mousquet à ses pieds et dégaina un six-coups.
- Ne le tuez pas, hurla Nicolas Albericht. Je le veux vivant !
- Vous êtes fous, répondit McKinson, en épaulant à nouveau son fusil.
Les deux hommes tirèrent de concert. Gueule Rouge évita de nouveau les balles, mais revint se positionner au même endroit.
- Cette saleté nous nargue, dit McKinson. Il veut qu'on épuise nos balles !
Un nouveau coup de feu retentit dans l'air, esquivée à nouveau par le garou gris. Mais pendant que celui-ci était en l'air, le revolver d'Albericht lâcha une nouvelle balle argentée. Un glapissement s'éleva. Gueule Rouge s'écrasa au sol, ratant son atterrissage.
- Vous l'avez eu ! Comment avez-vous…
La joie de McKinson fut de courte durée. Il baissa les yeux sur son ventre. Cinq griffes en dépassaient. Les yeux de l'homme étaient deux puits d'étonnement. Il lâcha son fusil, tentant vainement de repousser cette main monstrueuse qui le traversait de part en part. Un cri s'échappa de ses lèvres, un cri interrompu lorsque la seconde patte du garou lui arracha la tête. Albericht fit un bond magistral en arrière. C'était impossible ! Le loup noir s'était transformé à son tour, mais… mais comment ? Le religieux pouvait voir encore le mercure dégouliner de son pelage, de ses plaies ! Comment pouvait-il encore tenir debout ?
- Tu n'es pas un simple garou, dit Albericht, tu es un Immun ! L'argent et le mercure ne te font rien !
Thomas rugit. La Crise le protégeait des armes maudites de l'Inquisiteur. Sa malédiction jouait enfin en sa faveur ! Et dire qu'il avait du traverser tout un océan pour le découvrir !
La frénésie meurtrière de Thomas s'emballa. Il chargea Albericht. Celui-ci vida son revolver, le ralentissant à peine. Le garou agrippa son adversaire et le projeta contre un arbre, à l'autre bout de la clairière.
- Enfin, murmura Albericht, se relevant tant bien que mal, Dieu merci. Et dire qu'il a fallu venir jusqu'ici, dans cette contrée barbare pour trouver enfin un adversaire comme toi ! Laisse-moi m'amuser avec toi, petit loup !
Pour Thomas, il était trop tard. Devant ses yeux, le corps du prêtre commença à enfler, à se déformer monstrueusement. Albericht se changeait à son tour en monstre enragé !
- Tu n'es pas le seul Immun en ce monde, rugit Albericht.

***

Plusieurs mois plus tard, le Président des Etats-Unis d'Amérique paraphait l'autorisation d'exploitation d'une nouvelle mine d'or, sise dans le Delaware.
Napoléon préparait ses hommes pour une nouvelle campagne militaire, en Russie cette fois, fort de plusieurs livres du précieux métal jaune pour rénover son armement.
Le Vatican de Pie VII enrichissait ses collections de nouveaux artefacts ésotériques.

Quant à Albericht, il errait à travers tout le continent américain. L'Inquisition lui avait donné une nouvelle mission.
Après avoir détruit les Amishinaabe, il attaquait les autres tribus de la nation algonquine. Puis viendraient les peuples apaches, cherokee, iroquois, sioux… Et tant d'autres ! Tant de meutes, tant de garous à chasser et à annihiler !

Loué soit ce Nouveau Monde !
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMar 20 Nov - 11:51

a pu ? Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 687842

Roooh comme tu es cruel de finir l'histoire ainsi alors que j'attendais le combat Albericht/Thomas ! ! !
En tous cas, j'ai relu tout le texte d'une seule traite et l'intro et la conclusion de la 1re partie postée s'intègre mieux ainsi (fallait juste que je sois patiente mais ce n'est pas mon fort j'avoue...). Il y a un bon rythme, on est pris par le récit et l'action.

si je dis que j'en veux encore, vais je passer pour une souris gourmande ? Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 349538


Juste pour critiquer un peu et faire la souris tatillonne : il y a encore quelques fautes d'orthographe et de grammaire qui trainent euh ! Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 988823
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMer 21 Nov - 10:59

Waouh une fois de plus Nesumi !! Je suis touché par le fait que tu aies tout relu !! Et en plus, il semblerait que tu aies apprécié !! Siper ! Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 849219

Je serais ravi de t'offrir une suite, malheuresement (pas taper !) il va falloir patienter, vu qu'elle n'est ni écrite, ni pensée !!

Est-ce que le passage sous silence du combat Albericht / Thomas est trop violente ? Car, à la réflexion, c'est un paragraphe qui peut être ajouté. Les peurs de Thomas se réveillant devant cet Inquisiteur et son secret, etc... Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 988823


Désolé pour les fautes d'ortho et de grammaire, j'ai beau lire et relire, il y en a toujours qui survivent !

Merci encore pour ta lecture et tes commentaires !!
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Grey
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMer 21 Nov - 13:28

Je viens de prendre le temps de lire ta nouvelle et... Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 7674 j'aime.
Le rythme est bon et on ne se lasse pas (enfin moi je me suis pas lassé).

Personnellement le passage sous silence de l'affrontement Albericht / Thomas ne m'a pas trop dérangé. Ça laisse de la place à l'imagination et ne fait pas vraiment perdre d'intérêt au récit. Mais c'est vrai qu'un petit paragraphe sur les peurs de Thomas face au secret de l'inquisiteur aurait tout aussi bien put être là.

Quant à une suite je vois pas trop ce que tu pourrais faire, mais le trouver c'est ton boulot si tu veux en faire une.
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMer 21 Nov - 14:24

Ce n'est pas que ça m'a réellement dérangé, mais j'étais tellement prise dans le récit que j'en voulais encore ! Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 196926


et pour les fautes, c'était juste pour critiquer un peu (mais un tout petit peu) Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 988823 C'est le problème de tous les écrivains, on relit, on relit et à la fin on connait tellement le texte par coeur qu'on ne voit plus les erreurs. J'ai relu un texte que j'ai écrit il y a 5 ans récemment pour le plaisir et je dois dire que j'ai sursauté en voyant toutes les fautes que j'avais laissées trainer ! Donc rien de bien grave Wink
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMer 21 Nov - 16:32

Merci Grey !!

Pour la suite, je pensais à Albericht vs Predator... Mais je ne suis pas persuadé que l'idée déchaîne les foules Smile

Nesumi, tu nous postes un petit quelque chose ?!!
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MessageSujet: Re: Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts)   Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) EmptyMer 21 Nov - 17:22

Citation :
Pour la suite, je pensais à Albericht vs Predator... Mais je ne suis pas persuadé que l'idée déchaîne les foules

Albericht Vs Predator, ça laisse rêveur Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 7674

Citation :
Nesumi, tu nous postes un petit quelque chose ?!!

j'ose pas... Khellendros en écrit (suite et fin de la nouvelle - 3 posts) 349538

le texte dpnt je parlais fait 30 pages environ... c'est long. Je vais regarder, je dois en avoir un sur les vampires qui n'est pas aussi long. (mais c'est vieux, ça date de 2002...)
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